Les poissons voyageurs

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La peche à la mouche :

Les poissons voyageurs

La Truite
L'ombre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Poissons migrateurs et poissons voyageurs…

Nous connaissons tous les poissons migrateurs tels le saumon, l’anguille, d’autres comme l’alose, la lamproie, l’esturgeon nous sont moins connus pourtant au siècle dernier
ils étaient encore présents dans les eaux alsaciennes.

Le saumon vit en mer et vient se reproduire en eau douce, c’est un migrateur anadrome (anadrome : poisson qui se reproduit en eau douce).

Le saumon a complètement disparu du bassin rhénan depuis 1957. Jadis, les saumons étaient nombreux dans le Rhin, en 1647 on débita en un même jour 143 saumons rien
qu’au marché de Strasbourg. La dégradation de la qualité des eaux, les barrages hydroélectriques ainsi que la destruction des frayères naturelles l’ont fait disparaître en moins d’un demi-siècle.

Suite à la pollution du Rhin lors de l’incendie de l’usine suisse Sandoz en 1986, le fleuve a perdu bon nombre de ses poissons. Avec les dédommagements versés par l’usine incriminée
a été créé l’association « Saumon-Rhin », chargée de la réimplantation durable du saumon et des poissons grands migrateurs dans le Rhin.  De nos jours ce poisson-roi est de retour
dans le Rhin et dans ses affluents. En effet depuis 1995, suite à des alevinages massifs de tacons (jeunes saumons) et la construction de la passe à poisson d’Iffezheim et de celle de Gambsheim,
celui-ci s’est bien réacclimaté et revient se reproduire de façon naturelle dans les affluents du Rhin. Des individus de plus de 70 cm sont régulièrement capturés.

L’anguille naît en mer, puis vit en moyenne une dizaine d’années en eau douce pour retourner dans la mer des Sargasses afin se reproduire, c’est le seul migrateur catadrome

(catadrome : poisson qui se reproduit en eau de mer). Lors de la pollution Sandoz ce fut le poisson le plus touché. De nos jours sa population reste à peu près stable.

L’esturgeon était également présent dans le Rhin. Il venait se reproduire sur les graviers entre Lauterbourg et Bâle. Des individus d’un poids de 100 kg pour une longueur de 3 mètres étaient régulièrement
capturés en Alsace. La canalisation du fleuve ainsi que la pollution l’ont amené à disparaître de nos eaux. Un bel exemplaire naturalisé est visible au musée zoologique de Strasbourg

L’alose, aussi appelée Maifisch en Alsace, est un poisson de mer se reproduisant en eau douce. De la famille des harengs, il est également présent dans quelques lacs d’Italie du Nord.
C’est en mai qu’il venait frayer en masse dans les eaux du Rhin, d’où son nom de Maifisch. Autrefois très abondante l’alose ne semble pas avoir disparu complètement du Rhin, quelques rares exemplaires
ont été dénombrés à la passe à poissons d’Iffezheim.

La lamproie marine remonte de la mer pour se reproduire en eau douce. Sa bouche est en fait une ventouse avec laquelle elle peut se fixer sur d’autres poissons afin de les parasiter.
La lamproie marine était prisée par la population rhénane. Sans parler d’abondance on peut cependant dire que sa pêche était régulière lorsqu’elle remontait le fleuve pour frayer.
Comme pour les autres migrateurs, les nombreux barrages, la pollution, la canalisation ont accéléré le déclin voire la disparition de ces poissons. Des exemplaires isolés de lamproie marine
ont également été détectés dans le sas de la passe à poisson d’Iffezheim.

D’autres poissons que je qualifierais de « voyageurs » fréquentent également nos eaux…

Les plus connus sont la perche soleil et le poisson chat, importés des Etats-Unis au siècle dernier. La chair du poisson chat peut être qualifiée de savoureuse. En introduisant le poisson chat
en Europe on espérait obtenir des sujets atteignant, comme dans leur patrie, 1 ou 2 kg . L’opération s’est soldée par un échec, dans nos eaux ils ne dépassent guère 100 à 300 grammes .

De plus dans les eaux où ils sont présents ils se développent souvent au détriment des poissons indigènes. Considéré comme espèces nuisibles, il est interdit de les transporter vivants.
La loi interdit également de remettre à l’eau un poisson chat ou une perche soleil capturé. Ces deux poissons sont rangés dans la catégorie des espèces risquant de provoquer des déséquilibres
biologiques.

La perche soleil, joli petit poisson coloré était destiné aux bassins ornementaux des parcs et des jardins ainsi qu’aux aquariums. Son introduction dans le milieu naturel ne fut pas une réussite,
car très envahissante, elle se développe également au détriment des espèces autochtones.

La truite arc en ciel a quant à elle été introduite en 1881 par la pisciculture de Huningue. De là elle a colonisé toute l’Europe. Cependant les lieux où elle se reproduit naturellement sont rares.
C’est le poisson le plus élevé en pisciculture, la fameuse « truite portion ».

Deux autres poissons ont également été introduits par cette même pisciculture, le saumon de fontaine en 1879 et le black-bass en 1880, quelques saumons de fontaine sont présents
dans les lacs vosgiens, par contre le black-bass ne s’est pas acclimaté dans nos eaux.

L’établissement de Huningue a également exporté la truite fario et la carpe vers les Etats-Unis en 1882. Les deux espèces se sont très bien adaptées aux eaux américaines,
la carpe peut-être même un peu trop dans certains Etats.

D’autres poissons voyageurs sont venus par leurs propres moyens...

Parcourant des milliers de kilomètres, utilisant canaux, écluses, franchissant maints obstacles, ils ont peu à peu colonisés nos eaux. Tous ces poissons nous viennent du bassin du Danube.
Le plus connu d’entre eux est le sandre, poisson succulent, fort prisé des pêcheurs et des gourmets. Le sandre est signalé dans le Rhin dès 1888, il passe ensuite dans le canal
de la Marne au Rhin (1912) pour coloniser le reste de la France dans les années suivantes. Le sandre comme le brochet est un carnassier, mais contrairement à ce dernier il chasse
parfois en bancs d’individus du même âge et de taille voisine. Seuls les plus gros sujets vivent en solitaire.

Un autre poisson originaire d’Europe centrale est l’aspe. C’est un des rares cyprinidés carnassiers ( les cyprinidés regroupent entre autres la carpe, le gardon, la tanche, etc.).

L’aspe n’a fait son apparition dans le bassin du Rhin que durant les deux dernières décennies, on le rencontre de plus en plus fréquemment. Grand chasseur d’ablettes il peut atteindre
plus de 2kg pour 70cm. En Europe de l’Est il dépasse parfois 1m et 8kg.

Un dernier mot concernant le silure, originaire du bassin du Danube, sa présence dans les eaux du Rhin est déjà attestée par Baldner en 1666. Poisson mythique il peut atteindre deux mètres
pour un poids de 100kg. Dans sa région d’origine des sujets de plus de 300kg ne sont pas rares.

Le silure a colonisé le reste de la France au cours du siècle dernier.

Les poissons volontairement introduits par l’homme n’ont pas eu un impact bénéfique sur l’écosystème aquatique. Il en est de même pour d’autres espèces animales ou végétales.
Par contre les poissons venus d’ailleurs par leurs propres moyens on trouvé leur place dans nos rivières sans causer de déséquilibre écologique. La nature nous donne toujours
de beaux exemples…Laissons la faire, elle fait toujours au mieux !

Jean Rémy Schleifer

Bibliographie :

Histoire naturelle des eaux strasbourgeoises 1666 Leonard Baldner

Commentaires sur l’histoire naturelle des eaux strasbourgeoises 1888 Ferdinand Reiber 

Tous les poissons d’eau douce et leur pêche  Bernard Breton  Editions éditeur JP Gisserot

Poissons d’eau douce  Karel Pecl éditeur Gründ





image extraite du film de Serge Dumont sur le Rhin et les rivières de montagne