Quand on débute et qu'on y connait rien : voici quelques pistes pour comprendre
Le principe :
Utiliser une canne à pêche, spéciale, pour poser un appât dans l'eau de la rivière : soit en surface, juste sous la péllicule, entre deux eaux ou au fond.
Le bras du pêcheur, la canne, le moulinet, la soie, le bas de ligne forment un tout qui agit comme un mécanisme à ressort destiné à propulser le leurre (la mouche).
Tout ceci fonctionne à la manière d'un fouet: le bras imprime un mouvement qui permet de faire "voler" la soie et propulser la mouche vers son point de chute en utilisant
le "ressort" de la canne pour emmagasiner puis relâcher l'energie. Il n'y a pas de "plomb" comme sur une ligne traditionelle pour la propulser et c'est le poids de la soie elle-même qui joue ce rôle
Le premier point est donc d'apprendre à faire le mouvement et, comme tout apprentissage, de "faire ses gammes" pour apprendre le bon geste.
Le premier conseil : Apprendre à lancer avec un pêcheur compétent qui va corriger votre position et vous enseigner le bon geste. De la sorte vous économiserez bien des efforts et les bonnes habitudes s'ancreront facilement. Surtout si vous avez déjà longuement pratiqué, par exemple, la pêche au lancer . Je constate souvent qu'un débutant n'ayant jamais pratiqué apprend bien plus vite à bien lancer qu'un pêcheur habitué à manier une canne à lancer : il n'a pas le défaut de "pousser" vers l'avant pour propulser le leurre, le lancer à la mouche étant orienté vers la dynamique de la soie et ce,généralement, dans le mouvement arrière !
La canne : Choix difficile ! Première difficulté on s'exprime en pouces ou en pieds avec des abréviations anglo-saxonnes. Il existe toute sortes de cannes, différentes par leur longueur ou leur action : explications

A) la longueur de la canne : Pour faire simple : ruisseau = 6 à 7 pieds, rivière = 8,6 à 9 pieds, grande rivière 9 à 10,6 pieds. Mais la pêche en seche ou en mouche noyée
est plus facile, en eaux rapides, avec une canne de 10 pieds! A l'inverse, j'ai aussi partagé quelques belle parties de pêche avec un jeune de mon âge maniant avec précision son fleuret d'à grand-peine 7 pieds soie de 5# -dont il ne se séparait jamais, quelle que soit la rivière-, me bougonnant sur le Lot, bien large à Balsièges : Qu'est que que tu t'emm... avec une canne aussi longue ! (une 8,6pieds !) Prenez garde aussi à l'encombrement final de la canne démontée, en préférant , selon votre besoin ou la largeur de votre coffre une canne partagée en 2, 4 ou 6 brins sachant que moins il y aura de raccords et mieux ce sera pour l'action, les montages/démontages, ou le prix d'achat... Pensez aussi au tube rigide de protection !
B) la puissance de la canne : C'est la référence du poids de la soie qui équilibre au mieux le "ressort" de la canne. (numérotation de 0 à 12 et plus) . Volontairement je ne parle pas ici de la nécessité d'opter pour une canne plus "forte" pour mieux tenir des gros poissons ( de mer par exemple) ou de pêcher dans des courants puissants : vous apprendrez à l'usage!
C) l'action de la canne : Rapide ou lente, parabolique ou de pointe, le matériau (carbone ou bambou refendu) influe assez considérablement sur le résultat final mais le plus important est que l'action globale corresponde à ce que vous ressentez en terme d'utilisation; Un peu comme un vêtement dont la coupe, la couleur, la taille vous va ou pas, la canne est le prolongement de votre gestuelle et une canne dont l'action ne vous convient pas n'arrangera en rien votre apprentissage ! Viendra ensuite la simplicité avec laquelle vous saurez étendre votre champ de compétence pour en tirer le meilleur profit . Il existe quelques centaines de modèles de cannes dont certains , très étudiés, sont faits pour des types de pêche précis. Devant le large choix qui s'offre à vous pour cette première acquisition je vous conseille de prendre le temps de faire le bon choix. j'ai remis au bord de l'eau des débutants dégoûtés qui avaient abandonné leur rève parce qu'ils avaient fait l'erreur d'acheter un matériel qui ne leur convenait pas ( malgré une marque et un prix élevé) en pensant que "la mouche" ce n'était pas pour eux!
Le moulinet : C'est un magasin qui sert à stocker la soie et la délivrer puis la récupérer en cours de pêche : Il existe toutes sortes de moulinets plus ou moins sophistiqués
répartis en 3 grandes familles : les moulinets manuels (les plus courants,les plus anciens qui fonctionnent avec une manivelle et de "l'huile de poignet") les moulinets semi-automatiques ( très pratiques, souvent robustes et efficaces) et les moulinets automatiques (rares, lourds ou peu pratiques ou alors très chers). Il existe de très beaux objets , un peu comme pour les montres, qui servent toutes, avant tout, à
donner l'heure, (mais avec plus ou moins de précision,de robustesse, de sophistication,de qualité dans les matériaux employés, avec des grosses différences dans la conception,dans le montage, la fiabilité ou le sav...sans parler des tarifs, pas toujours vraiment justifiés.)



La soie :La soie est le fuseau synthétique ( ou naturel) qui va vous permettre de transporter l'énergie et poser votre mouche . La aussi il existe toutes sortes de soies
Elles portent toutes un numéro repère : Plus le numéro est grand, plus la soie est "lourde" et mieux elle vous permettra de faire voler une mouche volumineuse.
Ces fuseaux ont 2 types de forme : linéaire ( de plus en plus rare) ou profilé et pour les profilés
soit en double fuseau (DT) -le milieu des 27m est le plus épais et la soie s'affine vers les 2 bouts en queue de rat,
soit en profil "décentré" vers l'avant qui va déplacer le "poids" de la soie vers la queue de rat de l'avant pour "charger" plus rapidement la canne (WF).
Avantage de la DT : posé plus discret ,quand un coté est usé on peut la retourner sur le moulinet et disposer de l'autre pointe, toute neuve la saison suivante.
Avantage de la WF on a moins besoin de faux lancers pour mettre la soie en mouvement, elle lance plus facilement plus loin et la discrétion du poser ou de l'arraché s'améliore
avec les nouveaux profils inventés.
lIl y a des soies autoflottantes qui flottent sur l'eau, des soies intermédiaires qui se noient un peu dans la surface et des soies plongeantes qui entraînent les mouches pour pêcher vers le fond. Vous pouvez aussi trouver des soies flottantes à pointe intermédiaire ou plongeante, le constructeur ayant fait varier la densité de la soie pour l'adapter à sa destinée. (pêche au saumon par exemple) Attention pour la pêche en mer la densité de la soie est complètement différente (SLT) pour adapter sa flottaison ou sa capacité à plonger ( en metres par seconde) à la densité spécifique de l'eau salée.


Le bas de ligne :Le bas de ligne sert à relier la soie et la mouche. Toujours dans la logique "queue de rat' il est d'un diametre progressivement dégressif pour transmettre l'energie, percer le vent et finalement poser la mouche fixée à sa pointe. Principalement fabriqués en monofilament les sections séchelonnent, par exemple, du 50 centième au 12 centième sur une longueur de 2m70 à 3m 50 . La forme, la longueur , la nature du bas de ligne sont très importants et, comme la canne et la soie doivent être adaptés à la situation.
La pointe : C’est la partie qui termine le bas de ligne et à laquelle on raccorde la mouche. Il s’agit de la section la plus sollicitée et que l’on doit équilibrer parfaitement. Aussi il est préférable de s’équiper avec un bas de ligne finissant en 20 centièmes ( sans nœuds ou tissé) et de fabriquer sa pointe en action de pêche, en fonction du type de pêche ou de mouche que l’on pratique.
La mouche : Le leurre sera choisi en fonction de la cible à atteindre, il existe une gamme infinie de modèles en tous genres.
Les outils complémentaires :
Les lunettes : complément indispensable pour protéger les yeux du soleil et des risques de projection. Polarisantes pour réduire les effets des reflets sur l'eau .

Le gilet de pêche : Un gilet permettant de stocker les boites à mouche, de fixer l'accroche mouche (velcro) et les outils ( pince, aiguilles, dégorgeoir, seche-mouche, coupe-fil) attachés à 2 boutons service, sa carte de pêche , graisse à mouche, fil de bas de ligne , etc. Un bon gilet répartit efficacement la charge sur le sommet des épaules et dispose de fermetures éclair de très bonne qualité (critères à vérifier à l'achat).

Les "waders" : Vètement étanche, c'est une dépense indispensable pour approcher le poisson, être au chaud à l'automne et au sec toute l'année !
Par quoi débuter :
1°) L'apprentissage sur le terrain : le club mouche ou mieux encore des cours en compagnie d'un moniteur guide de pêche diplômé ( c'est à dire pédagogue et compétent )
C'est de loin la meilleure façon de démarrer. Vous y gagnerez ainsi :
- Du temps et de l'argent dans l'essai d'un matériel qui convienne à votre tempérament
- l'apprentissage du lancer en évitant le risque des premiers mauvais plis
- Apprendre à bien se positionner : approcher et pêcher sans être vu (et sans aller-retour pour se décrocher des branches de la berge ou d'en face !)
- Exploiter à fond tous les postes d'une portion de parcours, en mettant en oeuvre les différentes techniques plutôt de d'"écrèmer" rapidement tout le parcours au grand dam des autres pêcheurs!
- l'apprentissage des noeuds et la constitution ou la réparation de votre ensemble soie-bas de ligne- pointe
- L'apprentissage de la "lecture" de la rivière, où et comment poser sa mouche, quand et comment ferrer, en sèche, en nymphe, au streamer.
- La découverte des "indices" vous permettant de choisir la bonne technique et quand changer de type de mouche avant d'aller voir ailleurs.
2°) Comment évoluer : Le secret de la pêche à la mouche est de faire renaître son "âme d'indien" . Le matériel, à coté, est si peu de chose.
Approcher un animal méfiant c'est déjà tout un art, alors le capturer !
Comprendre la rivière, ce qui s'y passe au moment où on s'approche suppose de se mettre tout entier en symbiose avec le milieu.
Voir et lire dans les veines du courant, entre les cailloux de la rivière, dans l'ombre ou la lumière pour découvrir les postes de chasse et de repos.
Savoir choisir entre toutes la pincée de poils ou de plumes qui va faire mouche en comprenant ce qui se passe dans l'air, sur l'eau, au fond, au bord.
C'est vrai ce n'est pas tout à fait du tourisme et cette attitude reste fondamentale, même en réservoir .
3°) Et puis, et j'allais dire, déjà : le premier poisson.
Je vous souhaite tout le bonheur que cette renaissance apporte et le plaisir infini de prendre votre magnifique premier poisson à la mouche,
à cet instant vous ne connaissez pas encore LE secret.
Votre envie, instinctive, c'est de le garder.
Mais comment garder cet animal sauvage sans le tuer ?
Alors voici le secret :
Ce premier poisson , moi, je l'ai déjà capturé, hier,
Il avait beaucoup de mal à accepter d'être pris, tenu en laisse.
Je l'ai "photographié" des yeux tout en le décrochant,
Et l'ai relâché lentement dans l'eau où il a respiré enfin,
s'est apaisé, avant de repartir en m'éclaboussant un peu.
Aujourd'hui quand tu es passé avait-il donc déjà oublié
ou as-tu as été meilleur que moi pour le séduire à nouveau?
Quel cadeau souvenir il nous fait maintenant à tous deux, n'est-ce pas ?
Charly